Afin de vous faire découvrir les différents corps de métier au sein du groupe emeis en Suisse, nous vous proposons désormais « emeis et moi », une série d'entretiens avec nos collaborateurs. Pour ce nouvel épisode, nous partons à la rencontre de Philippe Lecoeur, responsable des admissions à la clinique La Métairie.
J’ai eu une scolarité très classique à l’issue de laquelle je me suis orienté vers un métier qui me plaisait beaucoup, celui de cuisinier. J’ai alors fait l’école hôtelière de Chamonix et une fois mon diplôme en poche, j’ai commencé à travailler en France, mais pendant quelques mois seulement car j’ai dû partir pour faire mon service militaire.
À l’issue de mon service militaire, j’avais deux options : soit je continuais en tant que parachutiste, soit je partais et j’allais trouver un travail. Via une connaissance de ma famille, j’ai eu la chance de trouver un poste de cuisinier à Gruyères et je suis donc parti m’installer en Suisse. J’avais à peine 19 ans et j’ai travaillé jusqu’à mes 27/28 ans en tant que cuisinier, tout en montant les échelons jusqu’à arriver second de cuisine.
Arrivant sur mes 30 ans, l’envie de fonder une famille est devenue très grande et cela n’était pas compatible avec le rythme de l’hôtellerie. Je me suis donc orienté vers la grande distribution et je suis rentré chez Manor où je suis resté pendant plus de huit ans en tant que sous responsable de supermarché, d’abord à Fribourg puis à Morges.
Chez Manor, j’ai eu la chance d’avoir un directeur qui m’a fait évoluer et m’a formé afin que je puisse obtenir un diplôme de cadre. Durant cette période, j’ai été très mobile puisque j’ai travaillé successivement à Lausanne, Nyon et Chavannes-de-Bogis.
Sentant que j’arrivais au bout d’un cycle, j’ai eu envie d’évoluer dans mon parcours professionnel et de faire autre chose. Et c’est là que la clinique La Métairie est entrée dans ma vie.
J’ai postulé pour un poste de cuisinier à la clinique car je voulais revenir vers mon métier d’origine. Je suis venu faire une journée d’essai à l’issue de laquelle je n’ai pas été pris pour ce poste, mais à ma grande surprise, un autre poste m’a été proposé, celui de responsable de salle. J’ai accepté et mon histoire avec La Métairie a commencé en février 2003. Je suis resté responsable de salle pendant un an et demi puis j’ai évolué vers un poste plus important, celui de responsable hôtelier.
Suite à une réorganisation en interne, le poste de responsable des admissions m’a été proposé. C’était à des années lumières de ce que je faisais : cuisinier de métier puis responsable hôtelier, je ne connaissais rien à cet univers de la gestion et du fonctionnement des admissions, mais étant un homme de challenge, j’ai dit oui et j’ai pris ce poste.
Les six premiers mois ont été très difficiles mais je me suis vite pris au jeu et je me suis beaucoup investi pour apprendre tous les pans de ce nouveau métier. Et petit à petit, j’ai pris possession du poste et m’y suis assez rapidement plu.
Lorsque le groupe Orpea a racheté la clinique en 2006, il a apporté une stabilité qui manquait depuis plusieurs années. De mon côté, j’ai été rapidement conforté par la nouvelle direction dans mon poste de responsable des admissions, poste que j’occupe toujours aujourd’hui.
Ma mission essentielle est de répondre à toutes les demandes d’hospitalisation, soit par le biais d’un médecin, du patient lui-même, ou de ses proches. À la clinique La Métairie, nous mettons un point d’orgue à répondre le plus rapidement possible à toutes les demandes d’hospitalisation, qui peuvent être très nombreuses. Il faut donc être prêt pour affronter des périodes de stress parfois intenses. Quand cette demande est faite par le patient ou ses proches, je leur explique la démarche d’hospitalisation et en fonction de la demande médicale, nous statuons si nous pouvons prendre en charge ce patient ou non.
Ensuite, je récupère tous les éléments administratifs pour constituer le dossier d’hospitalisation du patient, notamment la couverture d’assurances. C’est un point important car les patients ne sont pas toujours très au fait de ce qu’ils ont. Mon rôle est donc aussi de les informer et de leur dire, lorsque cela est nécessaire, qu’ils n’ont pas la couverture d’assurance suffisante pour que leur hospitalisation soit entièrement prise en charge et donc, qu’ils vont devoir payer une partie de leur séjour.
Une fois que j’ai validé le dossier d’hospitalisation du patient et que le jour d’entrée est fixé, je suis chargé de créer le dossier administratif du patient qui va être ensuite utilisé par les équipes de soins, les finances, la pharmacie etc…
Enfin, je reçois le patient à son admission. Pour la plupart des patients, c’est quelque chose de rassurant car ils m’ont eu au téléphone avant et je suis la première personne qui les reçoit lorsqu’ils arrivent. Lors de l’admission, je redonne au patient quelques informations sur le séjour et je fais signer les documents administratifs qui sont ensuite dispatché dans les différents services de la clinique.
C’est certain qu’être responsable des admissions en psychiatrie est différent d’un autre service des admissions. Il faut toujours garder en tête que les réactions des patients peuvent être complétement différentes en un claquement de doigt. Savoir le gérer et bien réagir dans ces situations est quelque chose qui s’apprend avec le temps.
Un autre aspect qu’il était parfois difficile à aborder à mes débuts était l’aspect financier du séjour. Dire à une personne malade qui vient se faire soigner pour ses troubles psychiques ou son addiction qu’elle va devoir payer n’est pas toujours évident. Et c’est un sujet qui reste parfois compliqué avec les patients. Mais avec le temps, on apprend à répondre selon le comportement des patients face à nous et, en règle générale, tout se passe le mieux possible.
Un dernier point est celui de l’occupation des lits. Avec des patients hospitalisés pour soigner des troubles psychiques, il est quasiment impossible de prévoir des dates de sortie, celles-ci se faisant très souvent au dernier moment. Pour un responsable des admissions qui doit gérer l’occupation des chambres, ce n’est pas le plus évident, mais on essaie de satisfaire au mieux toutes les demandes et dans certains cas, nous pouvons aussi proposer aux patients d’être hospitalisés à la clinique du Grand-Salève, une autre clinique du Groupe Clinea Suisse qui possède des lits en psychiatrie.
J’en choisirai deux : le professionnalisme et la bienveillance. La bienveillance parce qu’ayant un lien direct avec les patients, cette valeur est fondamentale dans le processus d’accueil. Si, en tant que responsable de leur admission, nous ne sommes pas accueillant, souriant et bienveillant envers eux, alors c’est potentiellement toute une hospitalisation derrière qui peut mal se passer. Et ce n’est pas ce que nous voulons bien évidemment.
Et ensuite le professionnalisme car à ce poste, je pense qu’il faut être très carré et très organisé. Les responsabilités du service des admissions d’une clinique privée sont telles qu’il est primordial d’être professionnel jusqu’au bout des doigts, et ce du matin au soir. Non seulement vis-à-vis des patients mais aussi vis-à-vis de la Direction qui attend de nous d’être irréprochable.
Tout au long de ces années, j’ai acquis l’expérience nécessaire pour gérer et répondre à un maximum de situations le plus sereinement possible et j’adore ce que je fais. Dans ce métier, il faut savoir faire preuve d’une très grande adaptabilité puisque toutes les admissions sont différentes et on ne sait pas comment telle ou telle personne va réagir face à nous.
Comme je l’ai expliqué, en dehors des admissions physiques, le métier comporte de nombreuses tâches administratives qui peuvent paraître redondantes, mais qui ne le sont pas du tout. Chaque jour est différent et apporte son lot de surprises, bonnes ou moins bonnes. Cette variété des missions et le lien que nous avons avec les patients sont les piliers de notre métier.
Enfin, notre cerveau est tout le temps en ébullition et pour moi, c’est quelque chose d’important. Il faut sans cesse réfléchir à différents aspects, administratif ou médicaux, penser à tout, tout cela est très stimulant. Les missions sont les mêmes chaque jour, mais chaque jour est différent. Cet inconnu, rempli de surprises, rend ce métier passionnant.