« emeis et moi », Épisode 12 : rencontre avec Michelle, infirmière et praticienne formatrice

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Clinique La Métairie | mardi 16 avril

« emeis et moi », Épisode 12 : rencontre avec Michelle, infirmière et praticienne formatrice

Afin de vous faire découvrir les différents corps de métier au sein de nos cliniques, nous vous proposons « emeis et moi », une série d'entretiens avec nos collaborateurs. Pour ce nouvel épisode, nous partons à la rencontre de Michelle, infirmière et praticienne formatrice à la clinique La Métairie.

Peux-tu nous décrire ton parcours et nous dire pourquoi tu as choisi cette voie ?

Elevée dans la campagne dauphinoise, j’ai toujours aimé la nature avec un attrait particulier pour la biologie. C’est donc naturellement que je me suis dirigée à l’adolescence vers un baccalauréat scientifique, afin de pouvoir aller à l’université pour décrocher un diplôme en biologie.

Dans un coin de ma tête, l’idée était de travailler en laboratoire pour y faire des recherches sur les toxines. Pourquoi cela ? Parce que l’amour de la nature m’avait amené à aller aux champignons et que ce passe-temps s’est vite matérialisé par un véritable intérêt à étudier la toxicité et les toxines. D’où ce souhait de pouvoir mêler travail et passion.

Sauf que la vie est faite de rencontres et de hasard ! Et il s’avère qu’un jour, j’accompagne une amie qui doit passer le concours de kinésithérapeute à Lyon. Là, je tombe sur une brochure détaillant le concours pour devenir psychomotricien.ne, un métier que je ne connais pas tout mais qui correspond à l’idée et à l’approche que je me fais du soin. La mise en mouvement, l’approche de l’autre, le travail sur le corps : tout me correspond. C’est le déclic, et me voici avec un nouveau challenge.

Je m’inscris et obtiens finalement le concours d’entrée à l’école de psychomotricité de Lyon, laissant au placard le cursus en biologie tant désiré.

Rapidement au cours de ma première année, je m’aperçois que je ne suis pas assez mature pour ce cursus, malgré mon intérêt marqué pour la psychopathologie et l’approche corporelle. Je décide donc de me réorienter.

Là encore, aux biais des rencontres, je me lance dans une tout autre voie : l’artisanat et le commerce. Travail du cuir, fabrication d’objets, vente au détail, vente en gros, ouverture de boutiques, cette nouvelle vie me plaît et m’amène à poser mes valises à Yvoire, où j’ouvre ma boutique en 1986.

Après 16 ans dans le commerce, me vient l’envie de faire autre chose, de retourner à mes premiers amours, la biologie, et de me challenger. J’ai alors 39 ans, je suis mariée avec deux enfants, et je décide de passer le concours d’entrée à l’école d’infirmière de Thonon-les-Bains. Concours que j’obtiens.

Après trois ans d’études, je ressors diplômée et je commence ma première vraie mission en cardiologie durant six mois, avant de bifurquer vers la psychiatrie dans un service adultes à Thonon-les-Bains. Là, je suis formée à la psycho-pathologie, aux entretiens, et me trouve très à l’aise dans ce domaine. De fil en aiguille, je me retrouve même à donner des cours aux aides-soignants, ainsi qu’au GRETA (Groupement d’ETAblissements publics spécialistes de la formation professionnelle) dans le domaine sanitaire et social.

Racontes-nous ton arrivée ici et ton évolution au fur et à mesure des années.

Au bout de neuf ans comme infirmière à Thonon-les-Bains, je ressens le besoin de changer d’environnement. Je demande alors ma disponibilité de la fonction publique française et entame mes recherches, qui m’amènent à envoyer une candidature spontanée à la clinique La Métairie.

Les planètes s’alignent encore une fois pour moi dans ma vie puisque libérée de la fonction publique le 31 mars 2015, je suis engagée à La Métairie le lendemain, 1er avril.

Dès mon arrivée, et voyant que j’avais déjà une belle expérience en psychiatrie, la Directrice des Soins m’intègre à l’UMD, l’Unité des Maladies de la Dépendance. Je m’étais renseignée sur la clinique auparavant et je savais déjà que La Métairie était reconnue pour son programme des maladies de la dépendance, donc je savais où j’allais évoluer.

Travailler au sein de ce programme, c’est fonctionner un peu en vase clos, comme une petite famille. Au départ, c’est assez surprenant, car ce n’est pas un travail psychiatrique pur, mais l’application de méthodes ayant fait leurs preuves (cf : la méthode Minnesota) et dévoilant une autre approche du soin.

Je reste trois ans à l’UMD avant d’aller quelques temps dans le programme jeunes, puis de rejoindre le Centre, l’unité de psychiatrie adulte générale. De l’UMD, où le nombre de patients est limité à dix et l’équipe de soins restreinte, je découvre alors une toute nouvelle dynamique avec beaucoup plus de patients et des équipes soignantes bien plus étoffées.

En avril 2023, j’intègre alors l’unité du Léman, où je suis toujours aujourd’hui. Structure plus petite que l’unité du Centre, il règne au Léman une atmosphère de « cocon » qui me plait et dans laquelle je me sens bien.

Parle nous un peu plus de ta fonction de praticienne formatrice.

J’ai toujours eu un penchant vers la transmission, et lorsqu’il y avait des étudiants dans le service où j’étais, je me rendais toujours disponible pour les accompagner, les rassurer, et partager mon expérience. C’est quelque chose de naturel chez moi.

C’est comme cela qu’un jour de 2019, Aurélien Hamion, praticien formateur à l’époque et désormais Directeur général adjoint de la clinique, me propose de devenir praticienne formatrice.

Mon goût du challenge étant ce qu’il est, me voici donc de retour sur les bancs de l’école, à passer un CAS de praticienne formatrice. Non seulement ce CAS m’a permis de me mettre à jour avec certaines pratiques, mais aussi et surtout d’apprendre des notions de pédagogie que je ne connaissais pas du tout.

Être praticienne formatrice amène de nombreuses responsabilités au quotidien, car nous sommes l’interface entre les étudiants, les écoles et la clinique.

Cette mission au sein de la clinique La Métairie me mobilise à raison d’un jour par semaine en présentiel avec les étudiants. En dehors de cette journée, il y a aussi tout un travail d’organisation à faire puisque c’est moi qui reçois toutes les demandes de stages provenant des HES-SO, mais aussi les candidatures spontanées. Ici à La Métairie, nous pouvons recevoir des infirmiers, des psychomotriciens, des ergothérapeutes, des ASSC et d’autres encore.

Notre objectif est que l’accompagnement des étudiants soit le plus pertinent et le plus efficace possible. Cela veut dire, par exemple, que nous faisons toujours en sorte qu’il n’y ait pas trop d’étudiants dans les services sur un même période. Il ne faut pas oublier que La Métairie reste une petite structure à taille humaine. Nous devons donc aussi penser à préserver les équipes soignantes, car encadrer les stagiaires demande aussi un investissement important de leur part.

Chaque année, nous accueillons entre 25 et 30 stagiaires à La Métairie, la plupart venant de l’école de La Source et de la Haute Ecole de Santé Vaud (HESAV), toutes deux situées à Lausanne.

Mon rôle de praticienne formatrice implique aussi toute la gestion administrative des contrats tripartites (entre la clinique, l’école et l’étudiant), les relations avec les écoles, ainsi que les visites régulières de la clinique aux élèves infirmiers. Ces premières rencontres avec eux sont l’occasion pour nous de parler de leurs objectifs et de leurs attentes, et de répondre à toutes les questions sur la logistique et le fonctionnement de notre établissement.

Une fois que les étudiants sont en service à La Métairie, nous, les praticiens formateurs, les rencontrons une fois par semaine lors des « journées praticiens formateurs » durant lesquelles nous prenons le temps de faire le point tous ensemble autour d’une table.

Ces séances individuelles et groupales, permettent à tous, non seulement d’apprendre à se connaître, mais aussi d’échanger sur les problématiques rencontrées durant la semaine écoulée, de s’aider et de se nourrir des idées et connaissances de chacun. Ce sont toujours des moments très appréciés et appréciables.

Tous les étudiants sont différents et ont des modes d’apprentissage singuliers. En ce sens, étudier l’andragogie (enseignement destiné aux adultes) m’a appris à m’adapter à l’autre et à son modèle d’apprentissage.

De l’autre côté, il ne faut pas oublier les collègues, auprès desquels je dois rester disponible. Lorsqu’il arrive que cela se passe mal avec un étudiant, je dois être à même de faire l’interface, ou de donner des outils et des clés d’apprentissage pour que la suite et la fin du stage se déroulent dans les meilleures conditions possibles.

Ce costume de praticienne formatrice n’est qu’une petite partie de mon quotidien à La Métairie, mais il me tient énormément à cœur. Je trouve que nous, praticiens formateurs, sommes très créatifs et impliqués dans cette mission de transmission et de formation. Chaque fin de journée, je suis vraiment satisfaite de ce que nous faisons pour et avec les étudiants.

Un mot pour terminer cet entretien ?

Selon moi, en psychiatrie, il est nécessaire d’ouvrir ses horizons, de ne pas rester dans ce qu’on connait déjà et de s’en contenter. C’est d’ailleurs pour cela que je me suis formée au NADA et que je porte un regard très intéressé sur les nouvelles approches comme les traitements psychédéliques.

A La Métairie, nous sommes placés là où nos qualités peuvent être le mieux exploitées et où nous sommes bons dans ce que nous faisons.

J’apprécie énormément ce mode de fonctionnement, tout comme j’apprécie le fait que si nous avons envie de faire quelque chose de nouveau, nous pouvons le demander très ouvertement, et si la possibilité de le faire est réelle et que nous montrons de l’envie, alors on nous donne les moyens d’y arriver.

C’est ainsi que, toujours dans ma volonté de ne pas stagner et de me challenger, je passe actuellement mon CAS en psychiatrie, dont je viens de valider le premier module.

La richesse de la psychiatrie, c’est la rencontre l’autre, mais c’est aussi se rencontrer soi-même. Sortir de sa zone de confort, déplacer la question, penser autrement, autre chose. Finalement, ce que nous demandons aux patients, nous devons aussi l’appliquer à nous-même.